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Photo du rédacteurChristophe BICHON

Avril: toujours pas de potager, une pelouse entre 0,5 et 1 m de haut... il n'est pas trop tard!!!

Lundi, c'était retour chez la première cliente qui a fait appel à mes services suite à notre déménagement dans la région l'été dernier.

Sa commande était toute simple : tondre la pelouse, tailler un olivier, et lui préparer un potager.

Mais ici, quand on parle de pelouse, il s'agissait plutôt d'une prairie qui n'avait pas été tondue depuis le début de l'année...

Comme je connais sa sensibilité vis-à-vis de la nature, son souhait de préserver la biodiversité, je lui ai proposé la chose suivante:

1- ne tondre qu'une partie de la pelouse en faisant des allées à travers les herbes déjà bien poussées

2- dégager une partie de la prairie pour y mettre un potager sans retourner la terre, 3- installer un paillage épais avec la tonte dans la zone du potager (ici en forme de croissant).

4- écarter le paillage juste à l'endroit où les plantations seront faites

5- travailler la terre plus ou moins profondément selon des cultures qui sont prévues, mais juste à l'endroit où les plants seront installés.

C'est une méthode que j'ai mis en pratique pour la première fois en 2018. Depuis, voyant le temps qu'il y a à y passer

et tous les avantages périphériques, je n'ai pas arrêté!

L'intérêt de cette démarche, c'est de ne pas retourner le sol (sol vivant), de ne pas utiliser de motoculteur (déstructuration du sol + coût + mauvais  bilan carbone). C'est aussi d'utiliser ce qui est sur place plutôt que d'acheter, ou aller chercher des éléments loin de chez soi.

L'épais paillage sur le gazon tondu (ici on parle de 20 cm d'épaisseur) a l'avantage de freiner considérablement la croissance des plantes qui seraient prêtes à repartir à la première averse. Aussi, l'humidité y est bien conservée puisque le paillage (tonte d'herbe et des jeunes rameaux d'olivier) sert de véritable couverture thermique et hygrométrique (lors de mes conférences et formations, j'ai l'habitude de dire qu'un bon paillage vaut 10 arrosages !).

L'intérêt d'une tonte partielle, c'est de passer moins de de temps à tondre, donc d'utiliser moins d'essence et, en plus, assurer une préservation optimale de la biodiversité sur son terrain.

Une fois ce travail effectué, ma cliente n'aura plus qu'à planter les légumes qu'elle comptait y mettre. En l'occurrence, une courgette, 6 pieds de tomates, plusieurs pieds de persil, qui s'ajouteront à un énorme pied d'artichaut existant, un massif de fraisier, un plan de rhubarbe, des framboisiers et de la mélisse.

En découvrant cette approche et les avantages qu'elle a, je serai prêt à parier que ma cliente , comme d'autres avant, voudra très vite étendre son potager pour y cultiver plus de légumes. En effet, je me rends compte lors de mes consultations, formations, ateliers, que l'on on se limite souvent dans son projet de jardin car on a une représentation de ce que ça implique en terme de travail, de temps, d'énergie, qui n'est pas juste. Ces représentations se basent sur des méthodes que nous avons tous connu (et qui sont encore très largement repandues) : désherbage systématique, retournement du sol, binage, arrosages répétitifs...etc.

Et puis, quand on voit la quantité de papillons, de pollinisateurs, d'insectes, d'oiseaux qui viennent dans un jardin même partiellement tondu en comparaison à un jardin complètement tondu, on ne peut qu'être charmé par la variété et la beauté de ce que la nature nous offre.

C'est un appel à la contemplation, à la détente, à l'émerveillement... c'est se décentrer de ce que nous croyons être nos besoins pour élargir notre conscience et s'ouvrir à la générosité de la nature.

Autre intérêt, quand on s'intéresse aux plantes sauvages et à leurs vertus médicinales ainsi qu'à leur intérêt culinaire, on se rend compte qu'on est entouré de plantes intéressantes. Sans avoir pris le temps de tout examiner, rien qu'en travaillant, j'ai vu au moins une dizaine de plantes comestibles ou médicinales sur le terrain.

Cette autre façon de jardiner que je propose et que d'autres font depuis longtemps n'a, pour moi, que des avantages. Les légers inconvénients qu'on peut y voir (réalimenter le paillage et enlever les herbes sauvages qui pourraient traverser le paillage régulièrement) sont si minimes à côté du gain que cette méthode représente que ce serait dommage de ne pas l'adopter!

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