Pour beaucoup de jardiniers amateurs, le potager reste limité au printemps et à l'été. Pour résumer, on sème et on plante au printemps puis on récolte tout l'été voire un petit peu en automne et on recommence l'année suivante.
Pourtant, il y a tant à gagner d'un point de vue rendement, production et satisfaction à faire des cultures permanentes toute l'année (c'est l'idée d'origine de la permaculture, qui se concentrait sur l'occupation des sols permanente et la rotation des cultures dans le respect de l'environnement).
Alors si l'on veut poursuivre au-delà de l'été, il faut anticiper, s'organiser.
C'est à dire que les récoltes d'automne et d'hiver se mettent en place en été puis en automne voire même parfois en hiver.
Pour beaucoup, l'idée de jardiner lorsque la saison est moins belle est moins attirante: globalement, le jardin est plus humide, et les journées sont plus courtes. Alors si on travaille, le soir il fait trop noir et il ne reste que les weekends.
Mais ce qu'il faut savoir, c'est que cela ne prend pas forcément beaucoup de temps, d'énergie ni beaucoup d'espace.
Certes, planter des poireaux en été, cela demande un petit peu d'effort pour faire une tranchée et bien les enterrer pour qu'il blanchissent comme il faut. Mais faire des semis de mâche, de radis noir, épinard, de fèves, d'ail, d'échalotes, de navets, de betteraves rouges... n'est pas particulièrement exigeant si l'on a pris l'habitude de pailler son potager. Il est même possible de semer et planter à travers les cultures qui n'ont pas encore fini de produire.
Par exemple, on peut enlever les feuilles de la base des pieds de tomates pour faire pénétrer la lumière au niveau du sol et semer des mâches, planter des blettes ou des salades, entre les pieds, en prenant soin de laisser suffisamment de paillage pour maintenir une humidité au niveau du sol tout en n'en laissant pas trop pour permettre au semis de traverser le fin paillage.
Alors, oui, lors d'une année comme celle que l'on vient de connaître, il faudra être particulièrement vigilant à maintenir l'humidité au niveau du sol.
Mais, logiquement, l'automne venant, et les pluies revenant accompagnés par des nuits plus longues et plus fraîche, la problématique de l'arrosage doit logiquement devenir moins prégnante. Avec assez peu de surface, on peut fournir suffisamment de légumes pendant tout l'hiver pour nourrir sa famille. Par exemple, nous sommes cinq à la maison et nous n'achetons quasiment pas de légumes à l'extérieur et nous n'avons que 60 mètres carrés de potager. Les trois enfants prennent leur repas à la cantine les jours d'école mais tous les autres repas se font à la maison. Seules entorses à ce fonctionnement: un paquet de carottes ou un paquet d'endives achetés de temps en temps. Et la récolte de plantes sauvages comestibles (essentiellement dans notre potager: pourpier, patience violon, mélisse, plantain, bourrache, laiteron...).
En septembre, octobre, voire novembre ici dans le sud, on peut encore semer des radis noirs, des épinards, de la mâche, des radis rose, de la roquette et des salades à couper. En ce moment, on récolte encore des tomates, des poivrons, des piments (mes voisins récoltes aussi leurs aubergines) les côtes de blettes, des haricots verts(semer fin juillet) à foison, de la mâche, des radis noirs, des radis rose des salades et toutes les herbes aromatiques qui accompagnent les plats. Les dernières courges plantées en juillet se forment encore et grossissent dans la douceur inhabituelle de l'arrière saison.
Par contre, il faut rester vigilant! Car avec l'arrivée des pluies et les grosses rosées matinales, le paillage a vite fait de devenir un abri idéal pour de nombreuses limaces, comme ici. Cette année, je me suis fait surprendre. Arrivé fin juillet dans ce nouveau jardin, je ne connaissais pas vraiment la faune locale. Je savais juste que les locataires précédents étaient plutôt écolos...
Alors, depuis deux ou trois semaines, les limaces sont arrivées en force et ont commencé à faire des dégâts. Le remède, c'est de les enlever, idéalement de les donner à des poules qui s'en régalent, sinon les exterminer (pour ma part, au sécateur, en sachant qu'il en reste toujours). Mais il faut aussi diminuer leur capacité à se réfugier dans des endroits humides. Pour cela, je retire l'essentiel du paillage, car sous le paillage elles sont à l'abri des prédateurs et trouvent une humidité permanente pendant toute la journée. Les imprudentes auront aussi plus de chances de finir dans ke bec d'un oiseau.
Enlever le paillage à cette saison peut-être une très bonne idée aussi parce que les rayons du soleil faiblissant, il est important de récupérer un maximum de chaleur au niveau du sol en découvrant le sol pour prolonger la période de production des légumes. Tout le paillage récupéré pourra finir au compost et amender le terrain au printemps une fois bien décomposé.
Les pucerons sont aussi de retour notamment dans les haricots à rame. Mais je surveille... les dégâts sont limités, et je vois une bonne quantité de coccinelles s'affairer autour. La régulation devrait se faire toute seule.
Enfin, je surveille régulièrement les feuilles des choux recto-verso faut surveiller l'apparition des petits œufs oranges collés aux feuilles qui se transforment très vite en dizaine de petite chenille gourmandes et ravageuses. Ici aussi, je suis sans pitié, je les élimine manuellement. Un sport peu ragoutant mais nécessaire.
Alors, en allant régulièrement au jardin, en intervenant une demi-heure par-ci une heure par-là, de temps en temps, on peut prolonger de manière spectaculaire la période de production de son potager, la rentabilité de sa terre et la qualité de l'écosystème qui va avec!
Et quel plaisir de jardiner à cette saison: entendre le chant mélodieux du rouge-gorge, sentir les parfums d'automne, voir les perles de rosée couler sur les feuilles des choux et être accueillies dans le creux de feuilles de mâche...
Car pour moi, et comme pour beaucoup d'amoureux de la nature, jardiner ce n'est pas seulement produire, mais c'est aussi se mettre au contact avec l'immense poésie de la nature, se laisser ravir par la beauté de chaque plante qui y pousse et toute la vie qui parcourt le jardin.
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