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Photo du rédacteurChristophe BICHON

Préparer son potager : moins d'efforts pour plus de résultats

Dans cet article, je vous explique concrètement la façon dont je mène le potager d'un de mes clients.


J'en profite pour expliquer les intérêts de mes choix et de ma démarche.


Le potager de mes clients est situé en Drôme Provençale, sous un climat méditerranéen s'intensifiant (allongement de la période estivale, raccourcissement de l'automne de l'hiver et du printemps, pluviométrie à peu près identique mais concentrée sur des épisodes plus violents, températures augmentant).


Exposé à flanc de coteau en plein sud, bien abrité par une colline couverte de forêt des vents dominants venant du nord (Mistral), il est constitué de deux potagers en terrasses séparés par un coteau aride garni de plantes résistantes à la sécheresse. Il avait commencé à être jardiné au printemps dernier, mais avait été vite abandonné faute de main d'oeuvre. J'ai donc récupéré ce potager fin septembre envahi d'herbes sauvages.



J'ai choisi de mener les deux potagers proprement dits en les divisant de planches d'environ 1 m de large avec des allées étroites permettant le passage d'une seule personne entre chaque planche (allées de 30-40cm de large). Cela permet d'optimiser la surface de culture.


La largeur de chaque planche permet d'y accéder de chaque côté sans avoir à marcher à un seul moment sur la terre qui est cultivée.


Ne pas marcher sur le sol cultivé est important, il permet aux plantes de bénéficier au maximum de son potentiel.


En effet, un sol tassé n'est pas bien aéré, l'eau n'y circule pas bien, et la vie du sol ne peut pas s'y développer correctement.


Par contre, en limitant le tassement du sol directement où l'on cultive comme on le ferait dans un jardin traditionnel ou l'on circulerait entre chaque rang de légumes, on facilite la circulation de l'air, de l'eau et la vie du sol qui sont indispensables au développement optimal des légumes.


Aucun traitement chimique n'est appliqué avant pendant ou après les cultures.


Ce choix demande de l'observation, et de faire confiance aux interactions avec la nature dans et autour du potager pour réguler d'éventuels problèmes. La nature y est préservée au maximum et mes interventions visent à développer sa variété (en multipliant la variété des plantes et en offrant le gîte et le couvert à la plus grande variété possible d'auxiliaires).


Le fait de cultiver sur des planches d'un mètre de largeur sans avoir à circuler entre les plantations permet de densifier les cultures sur une même surface. Ce type de jardinage sur planche permet donc d'obtenir plus de légumes pour une surface moindre.



La couverture du sol, ici essentiellement de la paille (qui paradoxalement n'est pas un paillage idéal, il existe une multitude d'autres paillages possibles) est un facteur majeur pour la réussite du potager ainsi que pour limiter le temps de travail du jardinier.


Cette façon de jardiner demande de concevoir différemment son jardin et implique des pratiques très différentes du jardinage dit « traditionnel ».


En effet, on couvrant le sol de manière quasi permanente, il n'est plus question de retourner le sol de le travailler régulièrement avec des outils qui vont perturber l'étagement naturel de la biodiversité dans le sol. La plus grosse perturbation qui y sera faite sera l'arrachage des légumes racines.


Sinon, le travail du sol se fait sur les 5 à 10 cm de surface uniquement.


La couverture du sol a de nombreux avantages.


Tout d'abord cela protège le sol des intempéries, des conditions extrêmes de pluviométrie, de température. Cela évite le tassement du sol par la pluie, et le lessivage, en hiver, des sels minéraux vers les profondeurs. Les sels minéraux indispensables au bon développement des légumes.


Pour les sols en pente, le paillage est idéal pour éviter le ruissellement de surface évitant ainsi que la fertilité du sol parte chez le voisin, au fossé ou dans la rivière en contrebas.


En favorisant le maintien d'une température plus stable sous le paillage en hiver, la vie du sol continue de se développer et de maintenir une fertilité du sol qui sera disponible au printemps. Cette vie du sol, dont les vers de terre représentent une grande partie, permettent au sol d'être remué, « labouré » naturellement sans effort, sans machinerie, sans CO2.


Autre avantage important du paillage: les herbes indésirables au potager vont beaucoup moins pousser voire quasiment plus au bout d'un certain temps.


En effet, un épais paillage empêche que les graines des plantes sauvages présentes dans le sol voient la lumière du jour et se développent au détriment des cultures installées dans le potager.


Celles qui arriveront à traverser le paillage ici et là seront beaucoup plus facile à gérer, retirer grâce à la souplesse du sol acquise grâce au paillage.


Enfin, en paillant la plupart du temps sur les planches de culture, on fertilise en même temps le sol. La vie du sol va dégrader progressivement le paillage (c'est pour cela qu'il faut l'alimenter régulièrement tout au long de l'année pour qu'il reste une épaisseur suffisante) et donc enrichir le sol.


Le paillage permet aussi de faire un effet tampon sur les extrêmes de température. En hiver, il fait moins froid sous le paillage que sur un sol nu, donc le sol se refroidit moins et mettra moins de temps à se réchauffer au printemps pour les cultures qu'on y installe.


En été, il se réchauffe moins sous le paillage, notamment grâce à l'eau qu'il retiendra mieux à l'intérieur du sol que le ferait un sol nu exposé au plein soleil. Étant moins exposé au soleil, l'évaporation est bien moindre. Les besoins en arrosage sont spectaculairement moindre que dans un jardin dont le sol reste nu.


En comprenant comment fonctionne le sol et la nature, on intervient moins, on se libère du temps et on se fatigue moins.



J'ai aussi pris le parti de pailler aussi les allées entre chaque planche. Pour cela, j'utilise un broyat de conifères qui est disponible sur la propriété de mes clients. Ce broyat serait gênant sur les planches elles-mêmes notamment si je devais y installer des semis. L'acidité des conifères, quand le paillage est encore vert, peut aussi contrarier les cultures.


Le paillage des allées permet de retenir l'humidité du sol sur l'ensemble de la parcelle, et pas seulement sur les planches. Cela limite aussi le tassement au niveau des allées provoqué par les multiples passages du jardinier et contribue ainsi au bon équilibre du sol.


Enfin, pour l'arrosage, mes clients disposent d'une source sur leur terrain. Pendant tout l'hiver une partie de l'eau alimente des citernes de plusieurs mètres cubes d'eau stockées au-dessus du potager. L'eau des toitures est aussi récupérée pour contribuer au stockage de l'eau.


À ces systèmes sont fixés des tuyaux alimentant des gouttes à gouttes qui irrigeront individuellement chaque planche potagère par gravité.


Concrètement, cet hiver, pour préparer ce potager pour qu'il soit prêt pour les premiers semis, j'ai simplement grossièrement désherbé les plus grosses plantes sauvages (que j'ai laissé sur place), mis du fumier de cheval à raison de à peu près 1 kg par mètre carré puis recouvert de paillage.


Mes seules interventions par la suite ont consisté à retirer de temps en temps les quelques herbes sauvages qui traversaient le paillage. Le fumier aura été dégradé progressivement et incorporé au sol par la vie du sol.


Selon les cultures, je pourrais planter à travers le paillage ou l'écarter légèrement pour faire les semis.


À ce stade, les légumes qui peuplent le potager sont : fèves, petit pois, oignons, échalotes, ail, artichauts, oseille, fraisiers ainsi que quelques salades d'hiver.


Si cette approche vous tente, il est encore temps de la mettre en pratique dans votre jardin potager.


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